sábado, 7 de diciembre de 2013

MENDELSON. "Personne ne le fera pour nous" (2007)


Je les ai connus quand la maison de disque Green Ufos a sorti leurs premières créations pour les mettre à la disposition des amateurs de sensations fortes. "Quelque part" (2000), (aujourd´hui introuvable), est un essaim de bruits incontrôlés avec en toile de fond le saxo sécrétant des cadences vénéneuses dans chaque chanson. Avant cela, "L'avenir est devant", (1998), les a vus naître.

Et derrière Mendelson se trouve un artiste en majuscule, Pascal Bouaziz, dont la façon de chanter charrie des volcans, où la lassitude rencontre la douleur, où l´émotion vous empoigne fébrilement. Le double cd "Personne ne le fera pour nous", a placé Mendelson sur cet autel indéfinissable de la chanson française avec force et luxure (juste à côté de Michel Cloup, ex-Expérience dont le nouvel album sortira au début de l´année prochaine).Il a aussi jeté les bases de ce qui est paru cette année, l´œuvre grâce à laquelle Mendelson restera dans nos mémoires, un triple disque homonyme qui sera aussi commenté dans ce blog, et où Pascal, par ses excès de composition, partage les mêmes obsessions  que Scott Walker.

Mendelson est un formidable mélange de rudesse et lyrisme, c´est un miroir où se reflètent les ténèbres secrètes de chacun. Hier, j´ai consacré mon après-midi à écouter la première chanson de cet album, « Scanner »,  sa complainte interminable, ses radiations sentimentales. "Crétin" est une recréation très personnelle de l´univers des Sonic Youth, incluant leurs décharges électriques.

On ne sort pas indemne quand on écoute «  Personne ne le fera pour nous ». La voix de Bouaziz et le déferlement dans lequel il entraine le groupe nous fascine, nous captive, nous séduit. La chanson qui donne son nom au double album est un voilier chargé de grisou de Nick Cave. Une pure fête. Et quand ils donnent libre cours à leur spontanéité, tressant des volutes irrités de sentiments à fleur de peau (« Une chambre d´hôtel »), ils nous bercent avec leurs caresses portées par leur souffle débordant d´étoiles tombées.

Mendelson est un pari sûr. Les récitations de Pascal sont comme un mantra qui vous submerge dans une mer lente, où les instruments chargent leurs munitions pour répandre de succulents plats de malaise («Le sens commun »). J´ai l´intention de me faire faire un T-shirt avec le refrain de « J´aime pas les gens », exténuante, nihiliste, crue, infernale.

Ce groupe sait nager dans des lacs de calme rayonnant et primitif (“Sans moi”,  ou les onze minutes de “1983 (Barbara)”), ils se délectent aussi de spectres électroniques («Micro-coupures") tout en nous taraudant avec des attaques à main armée rythmiques comme « Dans tes rêves » ou « Joyeux Noël Jackie », catharsis sans possibilité de rafraîchir les cœurs.

Seize chansons pour ne pas se perdre dans du vague, pour montrer le chemin, pour savourer les mystères abyssaux de l´âme.
Mendelson, un pari sûr. Et si, comme moi,  vous vous sentez grisés par ce cd, préparez-vous pour écouter le dernier triple cd qui atterrira bientôt ici tel une ombre asservissante. Tout simplement remarquable.


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